Chair à Canon

19h00

Chair à Canon

Durée : 1h10

Dates uniques 9, 16 et 23 juillet 2019

 

Humour

«  Il y a certainement un moyen de parler aux enfants de choses véritablement importantes plus tôt qu’on ne le fait. » M.Yourcenar

 

Une femme enceinte s’adresse à son futur enfant, elle lui explique le monde dans lequel il va devoir apprendre à respirer.

Après avoir épousé un milliardaire, Audrey attend son premier enfant. Il va naître sur Terre, en Europe, sur le territoire de la 7e puissance mondiale, une belle et grande démocratie : la France. Pour y survivre, il aura besoin de six tonnes d’infrastructures par kilo de chair humaine.

Elle lui décrit toute la beauté du monde thermo-industriel, le raffinement des super structures qui vont le gouverner. De la puissance de l’Etat à l’empire du néolibéralisme, en passant par le travail, l’électricité, la pollution de l’air, la privatisation de l’eau, l’artificialisation des terres, la marchandisation de la vie, le changement climatique, la 6e extinction des espèces… Et même la guerre…

« Je condamne l’ignorance qui règne en ce moment dans les démocraties aussi bien que dans les régimes totalitaires. Cette ignorance est si forte, souvent si totale, qu’on la dirait voulue par le système, sinon par le régime. J’ai souvent réfléchi à ce que pourrait être l’éducation de l’enfant.

Je pense qu’il faudrait des études de base, très simples, où l’enfant apprendrait qu’il existe au sein de l’univers, sur une planète dont il devra plus tard ménager les ressources, qu’il dépend de l’air, de l’eau, de tous les êtres vivants, et que la moindre erreur ou la moindre violence risque de tout détruire.

Il apprendrait que les hommes se sont entretués dans des guerres qui n’ont jamais fait que produire d’autres guerres, et que chaque pays arrange son histoire, mensongèrement, de façon à flatter son orgueil.

On lui apprendrait assez du passé pour qu’il se sente relié aux hommes qui l’ont précédé, pour qu’il les admire là où ils méritent de l’être, sans s’en faire des idoles, non plus que du présent ou d’un hypothétique avenir. On essaierait de le familiariser à la fois avec les livres et les choses ; il saurait le nom des plantes, il

connaîtrait les animaux sans se livrer aux hideuses vivisections imposées aux enfants et aux très jeunes adolescents sous prétexte de biologie. (…)

On lui apprendrait à aimer le travail quand le travail est utile, et à ne pas se laisser prendre à l’imposture publicitaire, en commençant par celle qui lui vante des friandises plus ou moins frelatées, en lui préparant des caries et des diabètes futurs. Il y a certainement un moyen de parler aux enfants de choses véritablement importantes plus tôt qu’on ne le fait. »

« Les «Yeux ouverts » de Marguerite Yourcenar

Interprète(s) : Audrey Vernon

Diffusion : 0 982 249 820 Scènes Tchankées

Production : Christelle Turzi